En période de confinement, certaines activités ne sont plus possibles. Pour ne pas faire prendre trop de retard à notre projet, nous avons dû nous adapter. Par exemple, puisque réunir des éleveurs n’était plus possible, nous avons décidé d’aller les rencontrer chez eux.
Vingt-deux éleveurs du Sud-Ouest de la France ont ainsi été interrogés sur les adaptations mises en place sur leurs exploitations. Deux systèmes ont été étudiés :

  • des élevages du Tarn et de Haute-Garonne, caractérisés par « une conduite intensive des
    surfaces fourragères en zone de grandes cultures » : les agneaux sont élevés en bâtiment et une partie de la ressource céréalière est produite sur l’exploitation.
  • des élevages du Lot, qui ont quant à eux « une conduite herbagère valorisant des surfaces pastorales » : ils présentent de grandes surfaces en parcours peu productifs.
    Ce travail a été mené en lien étroit avec le réseau Inosys Ovins viandes du Sud-Ouest.

Les éleveurs ovins du Sud-Ouest de la France utilisent déjà de nombreux leviers
d’adaptation face aux aléas du climat

Les leviers mobilisés concernent majoritairement les systèmes fourragers (prairies et cultures) et dans une moindre mesure la conduite du troupeau (calendrier de production, aménagement des bâtiments, …). Les éleveurs ont été amenés à s’exprimer sur l’intérêt de certaines pratiques pour
l’adaptation au changement climatique et sur leur mise en place.

Classification des leviers d’adaptation par les 22 éleveurs du Sud-Ouest enquêtés (S. Schetelat, 2020)

Les adaptations jugées les plus intéressantes sont aussi celles qui sont les plus répandues dans l’échantillon enquêté et au contraire, les moins intéressantes sont peu représentées. Les trois adaptations de cette dernière catégorie sont jugées risquées (risque de gelées si semis et variétés plus précoces, pour finalement peu de résultats, et d’acidose si la part de concentrés est augmentée) et coûteuses (l’aliment coûte plus cher que les fourrages, tout comme les semences). Certaines pratiques sont certes jugées relativement intéressantes, mais elles sont peu adoptées. C’est le cas des surfaces additionnelles, qui sont l’objet d’un clivage fort entre les éleveurs du Lot, qui sont favorables à leur mobilisation, et ceux du Tarn qui en sont peu adeptes. Il en va de même pour l’irrigation, qui est plus courante dans le Tarn que dans le Lot, où le contexte géographique ne permet pas de construire des retenues collinaires. Le calendrier de production est pour l’instant peu modifié mais la réflexion est lancée sur la plupart des exploitations.

Même si la totalité des éleveurs font des stocks et travaillent sur la qualité et la productivité de leurs prairies, ils sont désireux de continuer à améliorer ces pratiques pour être davantage autonomes. Pour eux, cette amélioration passera par l’utilisation de nouvelles variétés ou de nouvelles espèces résistantes à la sécheresse, voire même qui continuent à produire en période estivale, et dont la croissance repart à la première pluie.

Si les éleveurs se déclarent inquiets de la modification du contexte climatique, ils ne sont pas pour autant démunis et mobilisent une grande diversité de leviers pour adapter leurs systèmes. Ces adaptations ne sont pas spécifiques à la région ou au système d’élevage, d’autres enquêtes ont d’ailleurs montré que les éleveurs d’autres régions les utilisent également.

En résumé, les leviers évoqués sont très nombreux, de nature très diverse, et si certains s’inscrivent dans la durée, pour conférer au système une capacité à être plus résistant ou plus résilient, d’autres sont connus pour être plutôt des variables d’ajustement conjoncturel. Il n’existe pas de solution miracle, s’adapter c’est le plus souvent combiner plusieurs leviers à la fois, en tenant compte des contraintes spécifiques à chaque exploitation, au plan du parcellaire comme au plan humain (contraintes de travail).